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Le tueur de bergères

 tueur1-2En 1893, en hiver, dans une forêt du Jura, il règne un silence de mort. Derrière un buisson, un homme guette. A la main un gourdin. Bientôt un lapin s’approche, l’oeil inquiet, soupçonneux. Trop tard, le gourdin s’abat. Joseph Vacher est content, son sourire étire deux grandes cicatrices, l’une au front, l’autre à la lèvre. Il a ce qu’il voulait … une fourrure pour se faire un bonnet. Alors il pourra partir sur les chemins de France et accomplir son sinistre destin Revenons un peu en arrière.

En 1892 Joseph Vacher termine son service militaire. Les jours de permissions, il traîne dans les rues de Baumes-les-Dames, triste et seul. Un miracle se produit .. Il rencontre une jeune soubrette, Louise, et en tombe fou amoureux . Elle est insouciante et frivole et ne se laisse aimer que par pitié et amusement . A la sortie du service militaire, le prestige de l’uniforme s’effaçant, elle le repousse. Lui, la suit comme un petit chien, pathétique. Au cours d’une dispute, il tire quatre balles au hasard. et croyant l’avoir tué se tire les deux dernières balles dans la tête. Louise survit . Joseph aussi ! Transporté à l’hôpital de Baume-les dames un chirurgien le débarrasse de l’une des deux balles logées dans son crane , mais la deuxième est inaccessible .

Transféré à l’asile de Dôle , il est soigné à la mode de l’époque ! – racine de valériane introduite dans les plaies . – Cette méthode a dû l’arranger !! Le 1er Avril 1893 , il est déclaré guéri ! Et relâché !

Et il prend la route …au hasard par les chemins, à travers prés et forêts, s’embauchant occasionnellement pour les travaux agricoles. Il ne reste jamais à la même place. Il a une mission secrète, mystique, horrible qu’il va remplir en trois ans du Jura aux Pyrénées, des Alpes au Puy-de-Dôme, de l’Ardèche à la Savoie.

  • tueur2-2Le 19 mai 1894, à Beaurepaire, dans l’Isère, Eugénie Delhomme, jeune paysanne de 20 ans, ramasse du bois dehors du village . Elle ne rentrera jamais chez elle. On la découvre dans un fossé, la gorge tranchée, la poitrine barrée d’une croix sanglante faite au couteau. Elle a été violée .. Probablement après sa mort. On ne retrouve pas l’assassin.
  • Le 18 Juillet, à Eclose, dans l’Isère , Joseph Amieux, 9 ans, dénichait des oiseaux. On ne le retrouve que 3 jours après, la gorge tranchée, la poitrine barrée d’une croix sanglante, violenté. On ne retrouve pas l’assassin. Le 20 Novembre , à Vacquières , dans l’Hérault , Louise Marcel, 13 ans, gardait des moutons . On la retrouvera gorge tranchée , croix sanglante , violée . On ne retrouve pas l’assassin .
  • Le 1er Mai 1895, à Etaules , dans la Côte d’Or, Augustine Mortureux, bergère, gorge tranchée, croix sanglante, violée. On ne retrouve pas l’assassin .
  • Le 21 Août, à Bénonces, dans l’Ain, Victor Portalier, 16 ans, garde les vaches . Sa mère le découvre gorge tranchée , croix sanglante, atrocement éventré, violenté. L’assassin n’est pas retrouvé.
  • tueur3Le 24 Août, à Saint Ours, en Savoie, c’est le tour d’une veuve de 65 ans, Mme Araud .
  • Le 20 Septembre, à Saint Etienne des Boulogne, en Ardèche, Pierre Massot, 14 ans.
  • Le 23 Septembre, à Bordeaux, Aline Alaise, 16 ans . Le 1er mars 1896, forêt de Peschéreul, Marie Dérovet, 14 ans.
  • Puis, plus rien, pendant quelques mois.
  • En fait , mendiant à Chaumont en Maine et Loire, il est arrêté et emprisonné quelques mois. Et relâché ! Joseph Vacher regagne les forêts, son éternel bonnet sur la tête, et le cycle infernal reprend.
  • Le 10 septembre 1896, à Cusset, Marie Moussier, 19 ans. Le 1er Octobre, à Lavarenne, Rosine Rodier, 14 ans.
  • Le 25 Octobre, à Nîmes, Michel, 8 ans.
  • Le 18 Mars 1897, à Belfort, une petite fille de 10 ans, si torturée et méconnaissable qu’on ne l’identifie pas.
  • Le 5 Avril, à Varennes, Thérèse Ply, 18 ans.
  • Le 1er Mai, à Neuf-Château, une adolescente de 14 ans.
  • Le 24 Mai, un petit berger dans l’Eure.
  • Le 18 Juin, à Couzieux, Pierre Laurent, berger de 14 ans.
  • Le 5 Juillet 1897, à Volvent, une vieille femme.
  • Enfin , un jour d’automne 1897, à Champis, en Ardèche.

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C’est le final !.. Une jeune femme ramasse du bois mort quand un monstre, aux yeux hallucinés, armé d’un couteau, se jette sur elle. Il la maintient au sol, lâche son couteau, lui arrache ses vêtements. Pour la première fois, le viol passe avant le meurtre ! Mais, le mari entend les cris de sa femme et accourt. Il ceinture l’agresseur et le traîne chez les gendarmes.

C’est Joseph Vacher !

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A la prison de Tournon il rencontre un juge curieux et il répond à toutes ses questions avec un luxe de détails, d’explications naïves et mystiques. « Je suis un pauvre malade innocent, dont Dieu a voulu se servir pour faire réfléchir le monde, dans un but que nul humain n’a le droit de sonder. » « A chaque fois , je suis pris d’une espèce de fièvre, d’un tremblement nerveux, je ne veux pas tuer, ni violer, mais il faut que je le fasse. »

Joseph Vacher avouera 18 crimes en 3 ans.

Le 28 Octobre 1898, le verdict est prononcé : peine de mort.

A l’aube du 1er Janvier 1899, on doit le porter, comme un paquet, jusqu’à la guillotine.